Il s'appelait Regis ,le capitaine de la famille.
Ses amis l'appelaient FANANA.
Ses pecheurs le nommaient Pic nic jamais fini, Le Roi des pecheurs.
HELLO! HELLO !
Ici Capitaine....
Ou va le capitaine ? --Mystere !
Que fait le capitaine ?--Mystere !
Le capitaine est mon frere Regis qui vivait dans un continuel mystere.
Je desire le raconter; ce n'est qu'un visage qu'il nous donnait,; car il y a un autre capitaine que ses pecheurs eux connaissaient.
.
Le capitaine pechait dans les eaux internationales. Il etait le meilleur, toujours fier de ses 50tonnes, qu'il ramenait achaque fois. On le surnommait:
C'etait un carismatique -joueur invetere, amateur de la dive bouteille, il etait un des seuls a pouvoir rassembler ces pecheurs marginaux comme lui et les mener en des campagnes de peche fructueuses.
Bon frere, tendre, affectueux, genereux, il annoncait toujours son retour - Quel debarquement!
Draps, taies d'oreiller, serviettes , tout dans un etat lamentable, qu' on se demandait comment vivait le capitaine des fois, a bord.
"'Bonjour mo ser ! ,Comment ca va ?"
La bouteille de whisky etait deja sur table et tous les petits gajacks glanes dans le fridge. La ! ,il se rattrapait , il avait des envies, causees par les manques du voyage.
"Fere ene bon bouillon crabe !". Il faisait des caprices, il desirait ceci, cela, ce qu'il y avait de meilleur,
et il commandait !, car il avait le don de commander .
Avec l'argent il ne lesinait pas, d'abord il payait ses dettes, dettes de taxi qui faisaient la moitie de sa paye, car le capitaine voyageait rarement par le bus. Puis il distribuait les billets a ceux qui lui etaient chers, c'etait la bombance .
La seconde bouteille, la troisieme, chaque jour qui passait, il fallait voir comment il tenait sa bouteille, presque religieusement, deux dans un, quand il etait pif, n'en pouvait plus, il allait se jeter sur le lit, et alors c'etait le ronflement le plus sonore.
Toutes lesmodulations y etaient. Puis a 9hrs lesoir ,le capitaine se reveillait,
Alors c'est la qu'il fallait le rsurveiller, ses demons commencaienta le turmenter.
"Hallo !, Hallo madame, Monaf est la ? Dire li vine tout de suite, mo pa capave attende, sinon mo
pou prene ne l'aut taxi. "
Le meme scenario se faisai t enendre plusieurs fois, jusqu'a l'arrivee de Monaf. Puis il disparaissait.
Ou allait le capitaine ?- Beau Bassin ? Toujours Beau Bassin pour ne pas dire le casino.. Quand il etait au sec .. Alors pour un jour,deux jours, il se contentait d'eau pour se purifier et regardait la tele jour et nuit.
Apres un jeune force, il commencait a aller de long en large: "Prem ou Monaf , capave apporte ene bouteille whisky pou moi , vine quitte ca la case.", il acceptait de payer une course de taxi, le whisky allait sur le compte.
Ou bien, il allait a Beau Bassin, ou il devait rencontrer son grand copain "Le sergent noir', qui comme lui affectionne le whisky. La bas, personne pour le semoncer, il y passait la nuit;. dans quel etat, nous nous le demandions.
Autre point d'attache, le campement a Pointe aus Sables, ou Fred le tailleur et autres cotisent pour passer la semaine. Allez y croire, car quand nous allions le quitter, c'etait toujours au filling station de Roche Bois, le rendez vous. Tout de suite apres, le capitaine disparaissait dans la nature.
Le Capitaine a eu des amours malheureuses. Jeune, immature, il a connu le grand amour, mais a cause de ses depenses immoderees, ses mensonges repetes, il n'a jamais pu se fiancer. Et la belle un jour s'est envolee.
Pendant des annees, le Capitaine resta sous le choc, il ecrivait de longues lettres d'amour, qu'il ne
postait jamais; toute une collection gisait au fond de son eternel sac en bandouliere , tellement bien
qu'on se demandait s'il ne finirait pas au Brown Sequard. Enfin, apres plus de 20ans, il obtint sa guerison, apres avoir rencontree l'ex plus enveloppee par les ans. Cela le consola enfin.
Puis vient le temps de la fameuse perruque. Son crane se degarnissant, il envoya d'abord tous ses
beaux cheveux sur le devant de sa tete et ne voulut plus les coiffer, il en resulta a la longue une etoupe de paille de coco noirs fort inesthetique. Mais il n'en eut guere cure.
Enfin mon frere Harold lors d'un voyage en Australie, eut pitie de l'infortune de son grand frere,
lui porta triomphalement une perruque. Enchante, il la posa tout de suite sur sa tete tel un chapeau, n'ayant cure de la coiffer. Elle etait souvent toute de tavers, et lui donnait un air de gay, mais cela ne le gena guere. Ce fut une epoque tres cruelle, car la jeunesse sans pitie , souvent cachait la fameuse perruque,, ce qui lui mettait dans de rages folles et pathetiques. Mais comme il avait bon coeur, il n'y pensait guere apres. Une fois, ils envoyerent la perruque sur le toit de la maison.Il reussit a grimper pour la chercher, mais ce fut toute une histoire pour redescendre.
Enfin un beau jour, comble du deshonneur, un coup de vent fit envoler la perruque dans l'express de Vacoas - Port Louis. Impossible pour le bus de s'arreter, Il entendit la voix d'un membre de son equipage s'ecrier : "Capitaine, ou perruque fine envoler !."Ce fut la honte de sa vie, mais comme il avait un heureux caractere, il prefera en rire un bon coup;. Cela fit le tour de toute la famille et la societe, pour la plus grande joie de tous. Ce fut la fin d'une epoque. Des ce jour , il assuma avec fierte sa calvitie, car il etait un bel homme.
Puis ce fut le temps de Fleurette- Ah! Fleurette!, l'ex Miss Mauritius, combien il en etait fier, et songeait a refaire sa vie, mais le demon du jeu etait trop fort, il etait trop independant. Somme de donner une pecune pour elever ses enfants, il se defila bien vite. Ah si le vrai pere,. un homme d'affaires japonais, revenait:"Samourai! Mo gagne peur!.", mais nous n'etions guere dupes Ce fut quand meme un temps heureux pour lui, il reva beaucoup de sa Miss Mauritius.
Roche Bois etant l'endroit le plus proche de son bateau, il prit asile chez un des habitants de l'endroit. La bas, il recontrait des hommes de son equipage qui l'estimaient beaucoup, et qui comme lui, devaient aimer la bouteille. Il disparaissait alors des semaines.
Le Capitaine ne possedait que quelques chemises, et trois pantalons du meilleur tailleur, il se contentait de peu., et tant qu'il ne voyait pas la fin du tissu, il ne voyait pas la necessite de s'acheter du nouveau.
Aussi quelle honte pour moi, quand je reflechis a moi meme, c'est lui le pauvre de coeur qui se contente de peu pour etre heureux.
Bien des fois je vais fouiller dans son sac qu'il trimballe partout, depuisqu'il y avait un bill important non paye. Le sac ne contenait rien, q'un rasoir,une brosse a dents, et toujours des coupons de Vernon pools non remplies encore. Celui qui pense que le Capitaine transportait sa richesse, serait bien decu, car le Capitaine est un Job, apres deux semaines passees a Maurice.
Pour les anniversaires, c'est un grand probleme, n'ayant jamais le sou, il me pria un jour de lui ceder un present pour Fleurette. Je lui donnais alors une pendule que mon epoux avait recue deux ans de cela comme present de la part de ses employes. Tout fier il fit Steph faire un magnifique emballage.Quelle ne fut pas sa tete, quand devant tous les invites, on ouvrit le present, retira la pendule de sa boite, une horde de cancrelats s'y echappa, s'enfuyant dans tous les coins. Les petits enfants hurlerent de frayeur. Je pense que cela mit fin a leur relation precaire.
Nous ne devons pas oublier l'histoire de la teinture. Le Capitaine desirant se rajeunir, acheta un colorant noir pour ses cheveux et sa barbe. Regine , sa filleule voyant la une occasion d'avoir quelques sous, lui suggera de la laisser teindre ses cheveux et sa barbe. Helas apres 10minutes , voila notre capitaine tout gros bleu comme le capitaine Haddock. Regine toute deconfite lui annonca qu'elle ne comprenait goutte a ce changement soudain. On ne finissait pas d'en rire tellement c'etait d'un comique , et en toute hate il dut aller chez le coiffeur .
Pauvre Capitaine ! apres les epoques de vaches grasses, vinrent celles des vaches maigres. Les bateaux n'en finissaient pas de retourner pour des reparations qui durerent presque le temps d'une campagne. L'hiver arrivant, les bateaux resterent au quai. Ayant tout depense, le capitaine commenca a emprunter de tous ceux qui lui etaient chers Rs500-, Rs1000.-. Le malheureux n'en pouvait plus de cette vie , il maigrissait., Le whisky disparaissait alors de la table , il regardait alors sagement la tele.
Notre Capitaine se sentait de plus en plus seul. Je craignais beaucoup pour lui.. Il aimait tellement Regine sa filleule, et son plus grand desir c'etait de la voir a son retour. Au fort de ses largesses, iln'a pas hesiter a payer Rs30,000.- pour ses etudes .,Quant a moi, il nous a paye un voyage a Medjugorge. Il a gate ses deux soeurs, son filleul Yan pour son mariage.
Doux comme un agneau, sa voix etait tonitruante comme le tonnerre. En societe, on n'osait plus l'avoir, apres 3 tops, il s'eveillait alors de sa torpeur, sa voix qui dominait les machines, dominait tout tout son monde, et la conversation lui appartenait alors, les bons mots, les grands rires, ce qui n'etait pas fait pour plaire a mon cher epoux, car personne ne pouvait plus placer un seul mot. Quant au whisky, inutile de vous dire, nous l'avons deja averti, il devait avoir sa bouteille, car le capitaine lui buvait.
Je me rappelle, un 24Decembre, Tout le monde s'amusait, et voila que le Capitaine avait une envie de
Casino. ""Hello Monaf !, capave prend moi ene course pour la Pirogue." Monaf etant absent,sous l'emprise de la boisson, il devenait tetu. Tous les 5minutes, il telephonait a Monaf, et criait de plus en plus fort. A cela je ne savais plus ou mettre la tete. Rien ne pouvait le calmer. Plus personne n'existait pour lui. Il retournait a 2hr a/m., et frappait vigoureusement a la porte."Arlette! Arlette.!."
Chez lui, pas de gant. , quand il desirait une chose, , il foncait. C'est un enfant gate qui devait se satisfaire. Si le capitaine pensait a quelqu'un a 10hr du soir, il n'hesitait guere. L'heure pour lui ne comptait pas. Il etait un homme de la nuit.
Il telephonait a cette personne, sans crainte de l'agacer, de le reveiller.
"Qui nouvelle , mo frere !" Il commencait a lui parler avec volubilite, et lui promettait du poisson. La verite !, le mensonge ?. -- Pas de difference pour lui, c'est le plaisir du moment qui compte. Il parle de plus en plus fort de bagatelles, suivant le cours de son cerveau embrume par l'alcool, mettant mon epoux dans l'embarras . Le lendemain, il ne se souvenait plus de ces mensonges.
Nous avions un bon ami celibataire, qui achalandait avec fierte son petit bar avec toutes sortes de bouteilles de whisky. Il eut la malencontreuse idee de laisser le capitaine lors d'une soiree passer la nuit chez lui. Apres plus de six mois, il organisa une grande fete, et quel ne fut pas sa stupeur quand sur une remarque d'un invite, il gouta a son fameux whisky . L'eau y a ete ajoutee , et il a du jeter une partie de sa belle collection, il entra dans une rage folle. Mon frere s'excusa, mais c'etait au dessus de ses forces de ne pouvoir y toucher. Notre ami sut qu 'il ne fallait plus jamais lui faire confiance.
Le Capitaine passait des nuits blanches . Il ne dormait jamais avant 2hrs du matin, car c'est lui qui
tenait la barre a bord.
Le soir, on l'entendait remuer, manger, marcher ,regarder la tele, jouer tout le temps les memes rengaines , les memes serenades et segas. Il se sentait vraiment seul, et c'est de la toutes ses angoisses, sa solitude, qui venait de sa vie desorganisee. Le capitaine avait un vide en lui et pensait le combler avec ses desirs d'un soir .
Le soir, on l'entendait remuer, manger, marcher ,regarder la tele, jouer tout le temps les memes rengaines , les memes serenades et segas. Il se sentait vraiment seul, et c'est de la toutes ses angoisses, sa solitude, qui venait de sa vie desorganisee. Le capitaine avait un vide en lui et pensait le combler avec ses desirs d'un soir .
Le Capitaine etait un homme au grand coeur, et pour quel qu'un qui vivait au jour le jour, il avait une grande perspicacite, et connaissance des gens, Il avait souvent des paroles pleines de sagesse, pour quel qu'un qui buvait tant, et bien de fois il m'a soutenue dans mes combats. Il a aide des gens en difficulte, et beaucoup qui avaient fait de la prison, Il n'hesitait jamais a leur donner une chance, et ses hommes l 'avaient en haute estime..
Pic nic jamais fini ! C'est le nouveau nom que ses pecheurs l'avaient gratifie et qui lui allait a merveille, car pour lui la terre c'etait le repos et la fete, c'etait un pic nic qui ne finissait pas. " Ou vas tu,
Regis ? "
- "Je vais pic niquer". "Tu as un petit gajack pour moi, pour le Sergent noir, et Fred le tailleur."
Ensemble avec les passionnes de la dive bouteille, le capitaine allait rencontrer ses pecheurs a Trou d'Eau Douce pour des huitres ou simplement partager un drink.
Mais bien souven til s'en allait seul faire la cote avec le chauffeur qu'il payait grassement ou bien toujours en dette. A toutes les questions de ses pecheurs "cotte ou aller?.", il repondait toujours "Mo alle
picniquer ene coup."
Bon vivant le capitaine n'aimait guere la solitude et desire tout partager avec ses rencontres de passage "Eh oui, picnic jamais fini." avec le capitaine. Il trinqueballait precieusement ses gajacks et sa sacree bouteille. Il etait. heureux ainsi.
Le capitaine avait un coeur d'or, il etait doux, humble, gentil, attentionne, attentif aux besoins de ses pecheurs, pret a les defendre, connaissait tous les secrets de la peche, capable de se guider avec le soleil et les etoiles. Il fallait l'entendre raconter, comment au fort dun cyclone il tint seul la barre, tout une nuit, luttant contre les vents et les vagues, pendant que tout l'equipage se terrait. Il est celui qui a ete mis a la porte de l'ecole, mais aussi celui qui a fait siennes les paroles de maman, acquerir des connaissances, car celles la, personne ne pourra les lui voler.
Le capitaine connaissait ses faiblesses. Quand on le morigenait , il se faisait bon enfant, il ecoutait. Tous les membres de la famille qui l'affectionnaient lui ont archi fait la morale. Mais nous le connaissions tous.
On essayait toujours, peut etre qu'il changera. Attention a l'avenir, la vieillesse ! ,capitaine, qui voudra de quelqu'un qui joue, qui boit? Si tu es demuni. .meme si nous t'acceptons, nos conjoints ne seront pas du meme avis.
Je pense que le depart de sa filleule pour ses etudes, et sa decision de rester en Austalie, lui a cause beaucoup de chagrin, Il ne voulait pas se l'avouer. , Peut etre il pensait que dans les vieux jours il aurait pu compter sur elle.
Mais Sa vie ne fut plus la meme., Avec les bateaux endommages , qui ne terminaient pas leur campagne, l'argent difficile ,la boisson, et l'esclavage du jeu, de la cigarette. Je le sentais de plus en plus couler et j'etais vraiment anxieuse, car les sejours a Roche Bois se faisaient de plus en plus longs, et il nous laissait tous sans nouvelles.
Mais Sa vie ne fut plus la meme., Avec les bateaux endommages , qui ne terminaient pas leur campagne, l'argent difficile ,la boisson, et l'esclavage du jeu, de la cigarette. Je le sentais de plus en plus couler et j'etais vraiment anxieuse, car les sejours a Roche Bois se faisaient de plus en plus longs, et il nous laissait tous sans nouvelles.
Mais Dieu est misericordieux. Il ne l'a pas abandonne . Apres une courte maladie, il s'en est alle
pieusement a l'age de 53ans, le 11 Sept 2003. sur la pointe des pieds, sans souffrance, je dirais.
laissant tous ses freres et soeurs, cousins et cousines avec un grand regret. C'est alors que nous
nous sommes rendus compte, combien ce frere nous etait tous cher,et combien nous l'aimions.
Repose en paix, cher frere.
Regis a eu un bel enterrement, et le temoignage de Regine sa filleule fut vraiment touchant.
Il a du etre reconforte et heureux de se voir si aime ,lui qui se croyait seul dans sa vie.
Enfin ces bains de sang comme il l'affirmait sont termines.. Nous ne t'oublierons jamais., cher frère.
Tu vivras toujours dans nos coeurs reconnaissants.
Merci pour tous les bonheurs que tu as semes dans notre vie.
Tu vivras toujours dans nos coeurs reconnaissants.
Merci pour tous les bonheurs que tu as semes dans notre vie.
Cetexte je l'ai ecrit de son vivant, c'est pourquoi, les temps de verbe ne s'appliquent pas. Le capitaine a lu le texte, il en a bien ri et il etait fort emu. Je prense qu'il sentait sa fin proche avec toutes ces cigarettes et le rhum qu.il devait prendre faute du whisky dans ses derniers jours.
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