lundi 1 avril 2013

A MARYSE





Chere Maryse                                          20DEC2005
Les mots sont faibles pour exprimer mes sentiments, quand je vois tout l'amour, le respect et l'admiration que tes enfants te portent ansi que ce chagrin immense devant ton depart.

Mais  plus fort que tout, sont  nos souvenirs que je   desire  faire revivre , tous ces instants merveilleux vecus ensemble ave ta maman, Tte Yo. Ton papa, Marraine Ines.
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Du plus loin que je nous revoie, c'est le petit coin de cuisine de marraine Evelyne, ta chere maman, ou tous les soirs la famille se reunissait.
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Combien j'etais accueillie par vous, je ne saurais le dire assez. A chaque sejour, Maryse, tu avais tant d'attention  pour ta petite caille, qui tous yeux, buvais chacune de vos paroles.

Je  desirais  grandir vite, devenir une adulte. Vos  histoires de prince charmant.me fascinaient,et  ont enchante mon enfance, je t'obligeais a me les raconter encore et encore. Et comme le sommeil tardait a venir, tu te faisais un malin plaisir d'en inventer, mais je n'etais guere dupe.

J'etais la petite cousine qu prenaiit toute sa joie avec chacune de vous et vous aviez toute la patience  et la tendresse .  Te souviens tu de 'Tristesse de Chopin' , tu le jouais au piano,  expres pour me faire monter les larmes aux yeux,  tu connaissais mon coeur d'artichaud , tu te faisais un malin plaisir  de le reveiller
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Et les clairs de lune. qu'on guettait ensemble, pour en mieux gouter les doux instants, je vous imitais   , comme un petit singe: ,    Aspire!  respire!", tu disais.  Vous etiez mon horizon.

Eh oui, Maryse,  j'oubliais gourmande que je suis, le bol cremeux d'ovaltine, chaque soir,   bienveillamment,  tu faissais une petite place a ta cousine sur le pas de l'office  ,tu me disais: "Ouvre la bouche!", tu y glissais alors une cuillere pleine de creme de lait.  Vous me gatiez.
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Moi. fille ainee solitaire, pres de vous, je me sentais dans un cocon d'amour, toute importante, malgre la difference d'age.   A votre contact je grandissais, mon intelligence s'eveillait, surtout quand vous discutiez litterature et poesie.

Les douces veillees en familles inoubliables autour de la grande table ,marraine se rejouissant de ;la presence de ses enfants. Tonton Maurice, lisait un livre, donnait de temps en temps un sage avis, a qui le lui demandait. Marraine Ines toujours avec un linge a repriser, sa badine suspendue au dos de la chaise.  Tte Yo ne perdait pas un mot de ce qui se passait,mais, surtout me surveillait du coin de l 'oeil, de peur que cedant a ma curiosite habituelle, j'ouvrisse un de ces  livres defendus, de mon oncle. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'aussitot seule loin, des regards, , je me faisais un malin plaisir d'aller y fureter..

Et vous, freres et soeurs, occupes avec vos devoir et lecons , de temps en temps vous echangiez  une parole.  Parfois, Jean et toi, vous vous envoyez des piques, il reussissait a te faire sortir de tes gonds, tu poussais alors un hurlement, Marraine Evelyne y succedait de son cri, Alros tonton Maurice  de toute son autorite de Pater criait alors "Assez!"  et le silence se refaisait autour de la table..

Que s'est loin! - les picnics par le bus avec les gros deksis de macaroni ou de briyani de Tte Yo, les parties de volleyball  entre cousins, cousines, ou je ne faisais que ramasser les boules, en attendant de grandir, les fameux gato quatre quarts de Charles fourres de creme au chocolat et arroses d'anisette faits  maison.  Tu me racontais alors  comment le fond du moule etant amovible, vous grignotiez le gato par le bas, jusqu'a ce qu'il ne restait plus qu'un semblant de cadeau; . la decouverte de ce crime de lese majeste fendait le coeur des apprentis patissiers.

La douce farniente sous les longaniers, allongees dans l'herbe seche et odorante, avec les chiens merveilleux: Marmaduke a l'oreille bouffee, et TchouTchouminiou. et Tetow. Les letchis, Les longanes  goyaves, framboisees  qu'on pouvait cueillir  a la saison .  Les oeufs  dont je connaissais tous les nids , que je me faisais un plaisir chaque vacances , d'aller  ramasser tot le matin.  Le jardin  a l'anglaise de marraine Evelyne ,  avec toutes ses fleurs, et les nombreuses fougeres , chaque fleur possedait un secret, dont vous seul en connaissez l'histoire  ;  la bonne  terre  d'alors , couverte de rosee le matin, avait une odeur particuliere.   Je ne faisais qu' observer   vos emerveillements, quand une rose, un bleuet,  ou un coquelicot, s'ouvrait a la lumiere du jour;  

Marraine  Evelyne  regnait en maitresse  dans  sa  propriete  . Les 2 petits boys, Gooloo et l'autre  etaient des habitues  de toujours.
Helas,. Les deux sont morts  si jeunes.

Tu te rappelles Maryse, la premiere fois que je suis allee camper avec vous a Pointe aux Sables, dans un campement couvert de chaume. Quels souvenirs inoubliables, Je venais d'apprendre a flotter avec  une boule;, et le bateau des pecheurs  parti pour la peche, avec leur cassecroute, qui s'est alors renverse,  avec les rames  et tout, parce que  toutes les filles se sont jetees a l'eau en meme temps.
Comment ai - je  pu regagner la terre, je ne sais  !, je riais tellement . Je nageais en faisant de grands eclaboussements et vous me suiviez avec des regards effares, ce qui me faisait plus rire encore, ,

Les fameux dejeuners familiaux,  le bon curry dont marraine  etait  un chef,  le dessert avec la delicieuse mousse aux pruneaux, En tant que filleule, je jouissais d'une place privilegiee chez vous.

 Je ne pourrais jamais   finir de vous remercier  pour tous ces merveilleux moments. Charles avec ses anniversaires, la chasse au jacot et a la chauve souris.  Les sorties dans les gorges avec Jean et tout le groupe de Vacoas.

Les temps cycloniques, parlez m'en  ! ou freres et soeurs, accouraient avec nos matelas, accompagnes d'une ribambelle bruyante; parfois le sejour durait plus d'un mois, selon la gravite des degats. On improvisait alors , on se couchait, sur la table, sous la table,et les immenses deksi de macaronis faisaient l'affaire.

Oui. Maryse que de souvenirs!,   J'aimais fouiller en cachette    les  tiroirs du salons  ou il y avait un  tel bric a brac.  Pour moi c'etait un tresor , defendu  par Tte Yo qui me surveillait de pres  (on a du les jeter tous apres),   Mais  cela me fascinait , et toujours j'y revenais quand on ne me voyait pas .----   Vieux cahiers de musique  classes  derriere le piano---, Je les furetais tous , esperant un souvenir de cette  grande  tante Marthe  morte trop jeune.

Qui etait elle?Comment avait elle vecu?- J'etais si curieuse, et si desolee.  Comment quelqu'une de la famille  avait elle  pu quitter cette terre sans rien laisser  derriere elle de son vecu.;   ce qu'elle avait aime, souffert,    ce qui avait fait sa vie, Personne n'en savait rien et ne s'y interessait.
 C'etait impensable pour moi, car  toute personne , se  devrait laisser quelque chose  de sa vie  pour les autres, et non partir sans laisser de trace.

Marraine  Ines,, toute blanche,  perchee sur sa chaise a longueur de journee, sa badine a ses cotes.... Jamais de sourire ou de conversation.
 Qui etais tu, toi aussi,?... Tu etais une enigme, Tu me laissais fureter dans tes vieux livres d'antan, et ne me disais rien.  Toujours je m'attardais sur ces photos de famille,  dames  aux longues boucles,, engoncees dans des robes sombres a collets montes;   elles paraissient  tristes, sans ames, sans sourire,  des prisonieres de la vie .  Est ce  que ces photos ont ete prises , lors   d'obseques, d'evements tristes de leur vie.?...   Je ne sais pourquoi,  mais  j'avais toujours le coeur serre en les regardant.,
Pour quoi   jamais  de  sourire?,... elles semblaient si severes, si figees.  Mais marraine Ines trop vieille,  deja d'un autre temps,  voulait elle ensevelir  ce lointain passe  ?..., ou bien ne  ressentait elle pas les  memes  choses que moi., le besoin de tout savoir des etres chers qui nous ont precede,  Ne trouvait elle aucun interet  a les partager ?....

Quels etaient les mysteres de leurs vies? ...il n'y avait personne pour en parler, et c'etait une revolte en moi, car pour moi, je me devais de connaitre  leur histoire  et les faire revivre Ils avaient eu des sentiments, ils avaient aime, ri, avaient  souffert. Aussi je les regardais souvent, me posant beaucoup de questions, sur leur epoque, et je restais sur ma faim..

 Ce qui etait vrai, c'est ce que je voyais tous les jours, marraine Ines avec sa vanne de riz, la grosse coquille a repriser, le fameux crochet;, elle ne  quittait sa chaise que pour sautiller vers les repas.

Quelle fut sa vie  avant sa chute?  , personne ne s'y interessait  a en  parler Qui avait elle aime  ?, qui etaient ses parents, ses cousins, ?  .  Mais tout a ete gomme .
Ou bien dans ce monde d'alors, , les sentiments etaient ils obnuhiles, on n'en parlait jamais. Pourtant il y a tout une richesse dans le passe d'un etre..C'est la venue d'Edmond, le fils de Denise qui  l'a réveillée de sa longue nuit, ce fut son dernier amour,. De sa petite chaise, elle surveillait  l'enfant   et lui donnait des petits conseils .  Ils etaient devenus les meilleurs amis. du monde.

Marraine Ines a  merite  que je parle d'elle , car elle a vecu longtemps parmi vous,  vous rendant mille petits services, si ce n'est que les reprises des chaussettes et des linges de la maison, car on ne jetait rien en ce temps. 

 Pour moi, enfant, c'etait heroique, inimaginable,  sa vie sur sa petite chaise, comment faisait elle  une journee,   pour ne pas bouger, tomber, dormir, alors que moi girouette, je bougeais a tous les vents.

Les annees passerent vite, les vieux disparurent emportant leurs derniers chagrins, , chacun s'en alla fonder sa famille. Pendant longtemps, les obligations, la distance nous eloigna  Maryse, l'une de l'autre, mais toujours sur un coup de telephone, je debarquais sans crier gare, avec un toupet, un naturel, comme si j'etais encore l'enfant de la maison.

Que pensaient ton Gas et les enfants?- Cette pensee m'echappait- "Cette cousine qui apparaissait et dis paraissait- quel sans gene!"

Mais j'avais entierement confiance dans les sentiment de ma cousine des jeunes annees  Au depart de Ton Gas, je partageais ton immense douleur, c'etait un 18Decembre, date de mon anniversaire.   Comme pour ne jamais l'oublier, Pierre devait naitre le 2Janvier,

Quel destin!  j'en tremblais.  Maryse apres les  larmes,tu levas la tete, et seule mena ton combat avec tes cinq enfants. Cela fut tres dur pour toi, le temps des vaches enragees.Moi, je menais les miens, mais jamais nos coeurs  ne furent separes.
Aussi quelle joie a ma retraite, mon epoux travaillant encore, mes enfants partis, la belle aubaine. Je pris contact avec toi, Maryse, sure qu'ensemble, nous ferons face a notre solitude,et retrouverons ensemble un certain gout de vivre.

Maryse combien ces moments passes ensemble  ,furent riches de belles bonnes choses et nous ont rapprochees de ceux que nous avons tant aimes.

Nous allions tres loin- Gris Gris, Mahebourg,Souillac, Flic en Flac,Grand Baie, goutant et savourant les plaisirs simples de la vie, un bon bain de mer, un dejeuner partage, un verre de vin,on rigolait ensemble.  "Si nos enfants nous voyaient!  ils en seraient jaloux, vraiment de ces moments."

Nous parlions de vous, chers enfants, de ce que vous faisiez, vos problemes, vos reussites, on partageait tout.

Maryse etait fiere de vous, mais nous parlions aussi de la vie ancienne,nous remmemorant des bons moments, les joies familiales, mais surtout tous ceux que nous avions aimes et que nous ne pouvons oublier.


N'oublons pas nos amis, les chiens, Maryse parlait d'eux. de leurs frasques, elle ramassait les abandonnes,les blesses aux abords du chemin, elle les soignait , les connaissait tous,  leur parlait comme a des enfans. Elle les aimait, aussi combien  ils payaient cette affection de retour.  Gare a l'etranger qui osait s'aventurer dans la cour, les nombreuses chaines  sans fin y abondent, et Serge peut en parler maintenant et rigoler un bon coup, lui qui devait eviter ses chaines qui risquaient de faire chuter plus d'un.  Lui, si rationel, grognait souvent :"Je ne comprends pas autant de chiens, et de merde dans cette cour!,"

"Gare au feu!", avisait Maryse au visiteur,  a cela, elle prenait une petite mine innocente qui semblait dire: "C'est normal, pas grave!,on n'a qu'a y faire attention!"-  Il fallait alors faire gaffe a la merde et a la gadoue.

Maryse tu te rappelles,quand nous roulions dans les vagues de Gris Gris, Toi et ton fameux collant noir tout trempe, et nous avions a prendre le bus de retour......Nos randonnees sous le soleil de midi, a Flic en Flac: moi crevant, deshydratee par la chaleur, tu faisais toi, de grands pas, arpentant la plage avec ton bikini tandis que  Je ralais  alors en silence a tes cotes: "Quelle flamme! Quelle vigueur!", et si nos maris nous voyaient,  eux les pantouflards et confortables,  eux ils en auraient  une vraie insolation.

Moments precieux, uniques,je dirais,;  je sentais en moi meme, que c'etait don du Dieu de Misericorde,qui permettait ces merveilleux instants dans sa bonte, prelude de ce  qui adviendrait.  C'etait le courage qu'il nous donnait, l'oubli d'un instant de notre solitude.

Maryse et moi  pensions pouvoir continuer comme certaines vieilles, pouvoir se rencontrer et voler quelques joies, cultiver notre jardin secret.

Mais helas! la vie nous rappela notre destin ephemere, elle mit un arret final. Deu a juge que c'etait suffisant pour une troisieme vie.

Maryse j'ai suivi ton ultime combat, et jamais tu ne montras la moindre defaillance, jamais de peur, ni de plaintes,mais toujours une force de caractere surprenante. 
Obeissante comme une enfant, sans parole inutile, tu pris le lit, laissant a tes enfants,le soin de fare le necessaire. 
 Tous ont ete vraiment formidables, ne negligeant en rien ce qui pourrait te soulager. Bravo et merci a Daniele ,Kevin, Serge, Vincent, Claudia et Pierre qui n'ont pas decu tes esperances. Ils ont ete attendrissants, vraiment a la hauteur pour dispenser les soins.

Quel exemple pour nous! - Ils meritent vraiment toute notre admiration, et nos sympathies.

Maryse, je n'ai pas oublie tes paroles, "Quels peches ai-je  commis  ?, je ne vois pas ?'.
Je souriais en moi meme. Tu etais genereuse, compatissante, transparente, detachee des richesses, des attraits de ce monde, simple , vraie ,pas de demie mesure,  ni de mensonge, tranchante comme le crystal, tu allais droit au but.

Maryse tu t'en vas comme tu as vecu, debout en femme battante, et je sais, que tu peux regarder en face ton Seigneur et Maitre et lui dire:

"Maitre, doux Sauveur, Seigneur Jesus Christ,
Me voici, j'ai bien combattu
J'ai vecu comme tu l'as desire
J'accepte tout de toi."

Et Jesus te dira:
"Viens ma bien aimee. viens dans les bras de ton Jesus
qui t'a tant aimee
Je t'ai gardee dans le creux de ma main
Ton pas je l'ai suivi
Je t'ai  gardee  comme un enfant
comme un pere, j'ai comble tes jours
prenant soin de toi, de ceux  que tu aimes,
te guidant a chaque  instant."
Aujourdhui, viens ma bienaimee!
viens prendre la place reservee aux miens
a ceux qui m'ont ete fideles jusqu'au bout
viens prendre la place qui t'est reservee,
viens gouter a ma joie , a mon repos
aujourdhui je te console, 
jamais plus tu ne verseras de larmes
plus d'angoisses, plus de maladies
mais de toute eternite
Je serai ta joie, ma fille tant aimee."

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